Responsable d’environ 40 % de la consommation énergétique et de la production des émissions de CO2 en Europe, le secteur du bâtiment est actuellement l’un des plus critiques pour l’environnement. La rénovation énergétique des bâtiments serait donc LA clé pour parvenir aux objectifs fixés en mai 2018 et ainsi atteindre un parc immobilier à émissions faibles ou nulles d'ici 2050. C’est l’une des raisons pour lesquelles les autorités se montrent de plus en plus strictes et ambitieuses en matière de performance des constructions. Mais tout en étant source de problèmes, il possède aussi le potentiel pour y remédier !

Source: Le Soir


Même si les Belges ont une brique dans le ventre et aiment soigner leur habitation, le taux de rénovation du bâti – qui est d’environ 1 % par an – reste bien trop bas et aurait besoin d’être triplé pour atteindre le label PEB A d’ici 2050. Comme le souligne Francis Carnoy, directeur général de la Confédération construction wallonne (CCW), « le nouveau régime de primes à venir va dans le sens de l’activation de la rénovation, mais il ne suffira pas face à l’ampleur de la tâche. On peut vraiment améliorer l’efficience énergétique du bâti en Wallonie mais, pour cela, il va falloir aller plus loin et développer davantage de mesures dans ce sens ».

Parmi les incitants envisagés, certains sont déjà en place et d’autres pourraient peut-être ne jamais voir le jour. Mais tous visent un même but : donner un coup de fouet à la rénovation énergétique des bâtiments.

La fiscalité

Tout le monde le sait: rénover est un puit sans fond point de vue financier. L’argent étant le nerf de la guerre de toute chose, venir réduire ce coût d’une manière ou d’une autre sera évidemment un vrai facilitateur pour de nombreux ménages. Outre les prêts à taux zéro et les primes qui vont être réformées, il serait utile d’agir sur la fiscalité. La CCW envisage, par exemple, un abattement sur les droits d’enregistrement des maisons existantes, conditionné par des rénovations énergétiques, une exonération temporaire du précompte immobilier ou encore une révision du chèque-habitat pour que celui-ci stimule l’acquisition ou la construction d’un bien énergétiquement performant.

Plusieurs observateurs signalent également l’utilité d’étendre le régime préférentiel de TVA à 6 % pour la démolition/reconstruction « Beaucoup de vieux bâtiments sont trop coûteux et/ou compliqués à rénover pour atteindre les standards énergétiques souhaités. Il serait préférable de détruire ceux qui n’ont pas d’intérêt architectural pour y reconstruire des logements plus performants, mais aussi plus denses et plus compacts afin de répondre en même temps aux exigences du “Stop au béton”. » indique Francis Carnoy.

Les financements

Outre la fiscalité, les systèmes de financement pourraient eux aussi encourager le parc immobilier à devenir plus vert. On songe par exemple à des prêts hypothécaires « écologiques », dont les taux et/ou conditions varieraient selon la performance énergétique du logement et ou l’amélioration obtenue. Une autre idée déjà évoquée serait d’offrir la possibilité aux travailleurs de remplacer leur voiture de société par un “budget travaux” tout aussi avantageux qui permettrait d’améliorer son logement.

Les normes

Les performances énergétiques permettent certes des économies lors de l’utilisation des bâtiments, mais elles entraînent un surcoût à la construction. Selon plusieurs acteurs du secteur, il est primordial de trouver le meilleur rapport coût/efficacité en ce qui concerne les normes imposées pour les bâtiments neufs. Si le fait de répondre aux normes vient à trop gonfler le prix des habitations neuves, on risque de rendre la construction impayable pour les ménages et pousser ceux-ci à se tourner davantage vers des biens anciens, moins coûteux mais aussi moins performants énergiquement, et du même coup s’éloigner des objectifs poursuivis.

L’intégration des énergies renouvelables sera aussi importante à surveiller. Selon Francis Carnoy, « il serait intéressant dans plusieurs cas de plutôt miser sur des installations collectives locales » afin de permettre une économie d’échelle et donc une réduction des coûts, mais aussi une meilleure utilisation de l’énergie grâce à la réunion de profils de consommation complémentaires.

Les business models

Plusieurs programmes privés ou publics développent aujourd’hui des solutions intéressantes pour activer la rénovation énergétique.

  • C’est, par exemple, le cas de RenoWatt qui, grâce à des financements wallons et européens, accompagne les autorités locales dans tout le processus de rénovation énergétique de leurs bâtiments, afin que les collectivités publiques puissent ainsi montrer l’exemple à leurs citoyens.
  • À Bruxelles, easyCOPRO offre aux copropriétés une solution de rénovation clé en main allant des études techniques jusqu’au suivi des économies d’énergie. L’initiative a aussi la particularité de limiter les coûts pour les copropriétaires puisque les travaux sont financés par le biais de différents fonds et investisseurs – dont une coopérative citoyenne (Energiris) que tout le monde peut rejoindre.
  • On voit aussi se développer des initiatives locales intéressantes comme l’opération Rénov’Energie à Gembloux. La ville a réuni une grappe d’entreprises capables de proposer à ses citoyens une offre de rénovation énergétique la plus complète possible. Le projet prévoit aussi l’accompagnement individuel des habitants dans leurs projets, notamment pour trouver des financements ou gérer les démarches administratives.

Pour que d’ici 2050 toutes les habitations belges répondent aux objectifs énergétiques imposés par une Directive européenne, le taux de rénovation devrait être de 2,5% chaque année. Aujourd’hui, il n’est que de 0,7% sur base des permis octroyés. Ce faible taux s’explique de deux façons: D’une part, beaucoup de logements sont toujours aux mains de personnes âgées qui conservent leur épargne pour la transmettre à la génération suivante plutôt que de l’investir dans la rénovation de leur bien. Parallèlement, les personnes qui achètent une maison n’ont souvent pas les moyens d’entreprendre les travaux pour la rendre tout de suite plus efficace sur le plan énergétique.

Des chiffres de l’Union Professionnelle du Crédit (UPC), il ressort par ailleurs que seuls 4% des preneurs de crédit souscrivent un prêt hypothécaire combinant l’achat et la rénovation. Les prêts rénovation représentent quant à eux 23% du total des crédits octroyés, contre 53% pour les crédits destinés à l’achat d’une habitation.

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